Ce mois-ci, la lettre de Mémoires en jeu rappelle combien l’art dans sa diversité s’attache aux questions mémorielles. Le cinéma de Chantal Hanna Akerman le confirme. Luc Benhamou, qui a été son chef opérateur et directeur de la photographie pendant cinq ans, le rappelle d’emblée. Paul Bernard-Nouraud propose sa lecture de la biographie de Felix Nussbaum par Marc Schaevers récemment parue. Le portail de Mémoires en jeu consacré aux représentations théâtrales de la Shoah s’est enrichi d’une nouvelle étude sur L’Instruction, la pièce que Peter Weiss adapte en 1965 du procès d’Auschwitz qui s’était tenu entre 1963 et 1965 à Francfort. | Chantal Hanna Akermanpar Luc Benhamou 
L’artiste et réalisatrice belge Chantal Akerman (1950-2015) connaît depuis mars 2024 une nouvelle diffusion publique et une intense mise en lumière, grâce aux initiatives conjointes de la Fondation Chantal Akerman et de la Cinémathèque Royale de Belgique, auxquels se sont associées les institutions Bozar à Bruxelles et le Jeu de Paume à Paris, pour une exposition majeure, intitulée Chantal Akerman. Travelling. La rétrospective de ses films qui se poursuit en salles participe également à la redécouverte de l’œuvre, radicale, immersive, subversive, complexe, sensible, qui donne lieu à un réengagement de la critique comme de la recherche universitaire. Parmi toutes ces voix, celle de Luc Benhamou se distingue en empruntant un chemin de traverse, par la grâce d’une lecture dialoguée avec la cinéaste, où l’auteur convoque tour à tour Godard, Fassbinder, Jeanne Dielman, Léon Ashkenazi dit Manitou et le judaïsme. Véronique Donnat Lire l’article
| Mark Schaevers, Felix Nussbaum. Une vie de peintreRecension de Paul Bernard-Nouraud 
Le public français avait découvert l’œuvre de Felix Nussbaum il y a quinze ans à l’occasion de la rétrospective que le musée d’art et d’histoire du Judaïsme lui avait alors consacré. Les lecteurs francophones disposent désormais de la biographie du journaliste et historien Mark Schaevers parue en 2014 que viennent de publier les éditions Martin de Halleux dans une traduction de Benoît-Thaddée Standaert. Lire la recension de Paul Bernard-Nouraud
| L’Instruction de Peter Weiss, ou le procès de Francfort sur le devant de la scènePortail « Théâtre et Shoah » Nouvelle étude, effectuée par Gabrielle Desmet, sur L’Instruction 
Entre décembre 1963 et août 1965 se déroule le procès de Francfort. Ce fut l’un des plus grands procès de l’après-guerre en Allemagne et le plus important procès contre des criminels nazis jamais organisé par la jurisprudence allemande. Durant plus d’un an et demi vont comparaître les membres du personnel du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz. L’Instruction, dans sa version originale Die Ermittlung, publiée par Peter Weiss en 1965, est une œuvre majeure du théâtre allemand d’après-guerre et a pour objet ce procès. Son auteur se réclame du genre du théâtre documentaire dont il est un des théoriciens, qui mêle non seulement travail historique, documentation et écriture, mais aussi une forme théâtrale très politiquement ancrée. Ainsi, Peter Weiss tente de répondre au dilemme de la représentabilité de la Shoah dans les arts en créant L’Instruction, un oratorio en onze chants mettant en scène accusés, témoins et membres du tribunal. Lire l’article |
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