Reportage photos :
Catherine Laubier & Yves Brochard – qui nous a quittés quelques mois après avoir remis le portfolio.
Que reste-t-il de l’art public dans l’ancienne RDA ? Après la chute du Mur, des commissions d’experts, d’historiens ont effectué un tri en faisant
disparaître les oeuvres les plus idéologiquement marquées : statue de Lénine ou de garde-frontières, par exemple. C’est en sillonnant à vélo les
villes de l’ex-RDA dans leurs quartiers les plus reculés que nous découvrons, parfois visibles, souvent dérobées au regard (il faut les trouver
et cela se mérite ! ), parfois rénovées, souvent abîmées par le temps ou les tags, les sculptures, fresques, peintures murales, fontaines créées et
installées dans l’espace public entre 1949 et 1990. À l’époque de leur reconnaissance officielle, elles étaient présentes dans de nombreux
petits catalogues : Plastik und Blumen à Berlin, Plastikpark à Leuna, Ostsee-Biennale et Plastik im Zoo à Rostock. Aujourd’hui, ces oeuvres
semblent ne plus capter l’attention, ni des passants ni des spécialistes en art. Les bibliothèques de quartier, d’entreprises, de casernes ayant
disparu, c’est aujourd’hui sur les marchés aux puces et dans les brocantes que ces catalogues nous révèlent un titre, un auteur, une date,
une technique, un contexte qui n’existent plus. Lorsque nous retrouvons ces œuvres sur place, une émotion, un trouble surgissent.
« Aujourd’hui la plupart de ces images, parce qu’elles sont simples, indiffèrent
autant qu’elles intriguent. » Jérôme Bazin, Réalisme et égalité. Une histoire sociale de l’art en République Démocratique Allemande 1949-1990, Dijon, Les presses du réel, 2015.