Lors des dénommés « Printemps arabes », mais aussi à la suite des violences post-insurrectionnelles, un certain nombre d’initiatives se sont déclarées pour documenter ce qui avait lieu. Menées par des militantes et des militants, des artistes ou de simples citoyens engagés, parfois des chercheurs ou des chercheuses, ces initiatives non institutionnelles ont visé à produire, rassembler et consigner des traces et des archives des événements au moment même où ils se sont déployés. L’ensemble de ces démarches a traduit la conviction, à la fois diffuse et partagée, de vivre une phase de réouverture de l’histoire dont il s’agissait de garder mémoire.
Ces initiatives renseignent sur le rapport des sociétés à leurs expériences et à leurs conditions historiques en contexte autoritaire lorsque l’accès au passé, à ses sources et ses acteurs, alors qu’il est verrouillé par le contrôle politique, doit passer par des pratiques autres, souvent militantes et artistiques, pour s’exprimer. En inscrivant la réflexion sur les archives dans une temporalité plus longue, qui remonte aux indépendances, et en prêtant attention aux périodes de violences politiques (guerres civiles, en Algérie, Syrie, Liban, Égypte et Iran), ce dossier explore les enjeux qui accompagnent les dynamiques de sauvegarde du passé.
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N° 19 (automne 2023) Faire archive. Poétiques et pratiques de la trace dans le monde arabo-musulman