Nécrolieux: trace et mémoire dans la province de Tucumán (Argentine)

Carolina Meloni GonzálezUniversidad Europea de Madrid
Paru le : 18.07.2021

Abstract: At more than 1300 miles from Buenos-Aires, Tucuman was one of the main places of the political terror during the dictatorship in Argentina (1976-1983). The authors analyze the traces and the clues that remain today from this dark period. They use, on the one hand, a version of the concept of “chronotope” revisited by the Chilian photographer Christian Kirsby and, on the other hand, the notion of “Necrolugares” (necro-place, death place) to present the map of terror which is not well recognized yet.

 

Qu’est-ce que le lieu ? A quoi et à qui donne-t-il lieu ? Qu’est-ce qui a lieu sous ces noms ?

Jacques Derrida, Khôra

 

TUCUMÁN : ANATOMIE D’UNE CATASTROPHE

 Située à presque mille deux cents kilomètres de la grande Buenos Aires et de ses avenues parisiennes, la petite province septentrionale de Tucumán abrita le germe de terreur politique qui prospèrerait dans le reste de l’Argentine à partir de 1976. Une année avant le coup d’État, la dénommée « Opération Indépendance » s’y développa comme laboratoire des méthodes de terreur et de technologies répressives utilisées par la suite dans le reste des provinces argentines. C’est en 1975 que le gouvernement de María Estela Martínez de Perón signa les « Décrets d’anéantissement » qui rendirent possible la mise en place de l’Opération Indépendance. Au prétexte de « neutraliser et/ou d’anéantir » les éléments subversifs qui attenteraient à la sécurité de l’État, la machine d’anéantissement se mit en marche. Ainsi, la province de Tucumán fut occupée militairement et soumise à un état d’exception sans précédent. Choisir cette province particulière comme « théâtre d’opération » ne fut pas le fait du hasard, pas plus que ne le fut l’ouverture dès 1975 du premier Centre de détention clandestine du pays : les « petites écoles de Famaillá ». La province la plus petite d’Argentine connaissait en effet une longue tradition de luttes ouvrières et estudiantines. Un syndicalisme combatif s’y était formé dans la seconde moitié du XXe siècle auprès des cercles de travailleurs de la canne à sucre, secteur connu pour les conditions de travail les plus précaires et les plus misérables du pays. De plus, les caractéristiques orographiques de la région, couverte par la végétation subtropicale, favorisèrent l’installation de groupes de guerrilleros dans les montagnes qui menèrent des actions d’éclat, comme la prise de casernes ou la « libération » des villages de l’intérieur de la province. Ainsi, la célèbre compagnie « Ramón Rosa Jiménez », membre de l’Armée révolutionnaire populaire (ERP), agissait depuis les zones forestières et montagneuses à proximité de petites localités de l’intérieur. La prise du village d’Acheral et de quelques sucreries comme celle de Santa Lucía forcèrent l’admiration de beaucoup de villageois, de syndicalistes et d’ouvriers agricoles sucriers qui commencèrent à collaborer avec la guerrilla. Dans ce contexte, Acdel Vilas, le chef de l’Opération Indépendance, assuma jusqu’à l’excès, comme s’il s’agissait d’une mandat divin, la tâche de ramener l’ordre et la paix dans ces terres tucumanaises hostiles, peuplées de guerrilleros, de rebelles et d’ennemis de la patrie. Selon Emilio Crenzel, avant même le coup d’État, l’Opération Indépendance avait déjà assassiné et kidnappé un quart des victimes décomptées dans les sources officielles pour l’ensemble de la période dictatoriale (Crenzel, 2010, p. 15).

Les petites écoles de Famaillá furent le premier centre de détention clandestine d’Argentine. De 1975 à 1976, plus de mille personnes y furent incarcérées. Inaugurée en 1977, l’école primaire Diego de Rojas utilisa les dépendances du centre clandestin. Les salles qui avaient servi pour la réclusion et la torture furent rapidement reconverties en salle de classe pour les enfants des alentours. Beaucoup de ces derniers racontent avoir vu les différentes traces des tortures ici commises : taches de sang sur les murs, graffitis réalisés par les détenus, traces du centre clandestin toujours apparentes malgré de nombreuses couches
de peinture, comme on peut le voir sur la deuxième photo.
© Juan Pablo Sánchez Noli, 2018

CHRONOTOPE1 : TOPOGRAPHIE DE LA MÉMOIRE

Qui tente de s’approcher de son propre passé enseveli doit faire comme un homme qui fouille

Walter Benjamin, « Fouille et souvenir » (1934)

Pendant le mois de juillet 2018, accompagnée par le photographe Juan Pablo Sánchez Noli, j’ai entamé une pérégrination à travers différents lieux de la province de Tucumán, rouages de l’appareil source de tant d’effroi et de disparitions. Dans l’intention de recueillir les traces que ces lieux avaient laissées dans le paysage de la province châtiée, nous avons parcouru les désormais célèbres centres de détention clandestins, comme les petites écoles de Famaillá, déjà mentionnées, mais aussi l’Arsenal Miguel de Azcuénaga, l’ancien siège de la police, des fosses communes et des lieux d’inhumation clandestine comme le puit de Vargas qui servirent à faire disparaître les corps des détenus éliminés. Sous le regard silencieux des appareils photographiques, nous avons parcouru des bâtiments situés dans le centre-ville de San Miguel de Tucumán. Nous avons pu constater que de nombreux lieux utilisés pendant la dictature pour parquer des détenus et pour les torturer, abritent actuellement des services administratifs où l’on accueille du public. Certains d’entre eux étaient même jusqu’à une date récente des écoles ou des crèches.

Les centres clandestins de détention, les lieux d’inhumation clandestine où furent jetées des centaines de personnes et les différents bâtiments utilisés pour de tels actes (des écoles, des sucreries, des demeures, des usines ou des annexes militaires, etc.), sont aujourd’hui recouverts dans les villes argentines par les embouteillages, l’agitation des passants, les bidonvilles, les broussailles, les ordures ou le simple abandon, l’oubli et l’inertie institutionnelle. Ces lieux sinistres que nous appelons nécrolieux, c’est-à-dire des endroits où la mort fut produite de manière planifiée, selon une technologie d’anéantissement intentionnelle et programmée dans le temps (Feierstein), sont des sortes de trous noirs. Pourtant, en dépit du vide représentationnel dans lequel ces lieux nous plongent, la mémoire réussit à en émerger et y brille constamment. D’une certaine manière, l’extrême violence dont sont chargés ces lieux implique que nous réalisions un exercice d’alétheia mémorielle, de dévoilement ou de révélation de la vérité de ce qui s’y déroula. Le photographe chilien Christian Kirsby les définit, quasiment dans leur injuste beauté, comme de « sinistres chronotopes qui absorbent la lumière », marques indélébiles qui, malgré leur physionomie banale, produisent dans l’espace urbain des échos ou des résonnances incontrôlables (Peris Blanes).

Accompagnés par des archéologues, des géologues et des experts, nous recueillons
de minutieuses explications sur l’usage de
ces nombreux lieux et les traces laissées en différentes strates sur les murs, les sols, les salles de bain, jusque dans le terrain voisin. Nous constatons que, dans certains de ces lieux, la nature a continué son œuvre et les mauvaises herbes ont commencé à dévorer silencieusement les restes de ce terrible monde souterrain qui, il n’y a pas si longtemps, fonctionnait encore. Parcourir, photographier, observer aujourd’hui ces lieux qui non seulement furent les témoins de l’horreur mais servirent également son expansion de manière planifiée, nous oblige à nous poser
à nouveau une série de questions relatives à
la mémoire, au passé et à la construction du présent. Quelle genre de trace ou de restes laissent ces lieux où s’exercèrent de manière indiscriminée la violence, la torture et la mort ? Pouvons-nous d’une quelconque manière représenter, capter ou exorciser l’horreur
que l’on y connut ? Quelle fonction politique accomplissent alors les espaces et les sites mémoriels ? Comment pouvons-nous redéfinir le passé, récupérer d’une certaine manière ce qui fut occulté, mettre au jour ce que l’on tenta d’invisibiliser par un travail de reconstruction de la mémoire collective ? Ou bien sommes- nous condamnés, au contraire, à l’indicible,
à accepter l’irreprésentabilité de telles violences, à admettre l’incapacité du langage à transmettre ce qui s’y déroula ? Si, comme le dit Gatti, en visitant ces lieux de violence, nous nous approchons aux frontières du dicible, du pensable et du représentable, il est probable qu’il n’existe pas de mots ou d’images qui nous viennent en aide (Gatti, p. 29).
© Juan Pablo Sánchez Noli, 2018
Entrée du hangar n° 9. Arsenal Miguel de Azcuénaga, centre clandestin de détention.© Juan Pablo Sánchez Noli, 2018

NÉCROLIEUX : POUR UNE DÉFINITION

Nous pouvons penser l’espace de la mort comme un seuil qui permet aussi bien d’éclairer que d’éteindre.

Michael Taussig, Chamanismo, colonialismo y el hombre salvaje

En seulement quelques mois, la province de Tucumán se peupla de centres clandestins éparpillés dans des espaces urbains et ruraux. Les villes devinrent menaçantes et obscures. Les personnes, les rues et les routes étaient continuellement contrôlées. Il n’était pas rare de trouver un cadavre présentant des signes de torture dans des fossés ou des terrains vagues. Les hélicoptères survolaient les villages et, plus d’une fois, on en jeta d’étranges colis. Les coupures d’électricité, les descentes de police et les enlèvements étaient fréquents. En très peu de temps, Tucumán devint un nécrolieu, c’est-à-dire un espace où le pouvoir sur la vie et la mort acquit des connotations irréelles.

Pour préciser le concept de nécrolieu, nous reprenons la lecture qu’Achille Mbembe fait du biopouvoir, notion foucaldienne qui lui paraît insuffisante pour analyser les structures et technologies de pouvoir où la mort de l’autre et le droit sur la vie sont devenus le lot quotidien de la terreur politique (Mbembe). Pour désigner cette réalité, Mbembe préfère parler de « nécropouvoir » qui fait de l’assassinat de l’ennemi par la violence et toute sorte de stratégie de déshumanisation une norme. Dans ses analyses sur le colonialisme et le racisme en Afrique, Mbembe définit un type de souveraineté fondé sur le droit de tuer et sur une politique mortifère (Mbembe, p. 21). Il révèle ici une différence fondamentale entre le « biopouvoir », gestionnaire de vie, et le « nécropouvoir », producteur de mort. Ainsi, le nécropouvoir se sert de la terreur comme d’une composante nécessaire du politique (Mbembe, p. 27). « Selon cette configuration, la violence constitue la forme originale du droit et l’exception fournit la structure de la souveraineté » (Mbembe, p. 42).

Mbembe fait de la plantation esclavagiste une figure paradigmatique de cet état d’exception, la matérialisation de ce type de pouvoir qui met la mort de l’autre au cœur  de son exercice. La plantation produit une triple perte : celle du foyer, celle du droit sur son propre corps et celle, fondamentale, du statut politique. Elle serait ainsi le paysage de la terreur même, une « structure politico-juridique où la mort sociale opère selon un dispositif d’expulsion de l’humanité » (Mbembe, p. 32). Ainsi, le nécropouvoir génère des nécrolieux : il produit de l’espace, le fragmente et le terrorise.

Les méthodes et les dispositifs de pouvoir utilisés pendant la dernière dictature militaire argentine se fondaient en effet sur l’exercice de nécro-stratégies, de nécropouvoirs qui prétendaient contrôler le chaos et les supposées menaces à la patrie en répandant la terreur aux quatre coins du pays. Ce pouvoir arbitraire, cet exercice de la souveraineté fondé sur la mort et l’élimination de tout ennemi potentiel sut se mettre en scène et se matérialiser de manière quasiment obscène.

Les petites écoles de Famaillá, zone de bain. Ces toilettes, utilisées par les détenus disparus dans le centre clandestin, sont toujours en fonctionnement. Elles servent aujourd’hui à l’école publique.
© Juan Pablo Sánchez Noli, 2018

L’ÉCORCE DE L’HISTOIRE

L’oubli laisse lui aussi des traces.

Moritz Fritz

Comme l’a signalé Ulrich Oslender, les régimes de terreur ont un effet direct sur la société en produisant des modifications géographico-spatiales précises qui touchent autant à la manière de vivre les lieux qu’à la vie quotidienne (Oslender). La violence transforme les lieux, investit le territoire que nous habitons, le contamine et l’altère, l’assiège puis l’occupe. La violence exercée de manière planifiée et systématique déterritorialise et reterritorialise en produisant de nouvelles relations et pratiques sociales sous l’empire de nouvelles règles. De cette manière, elle ouvre certaines voies et en ferme d’autres : elles compartimente en produisant des espaces d’enfermement, de surveillance et de soupçon. En tant qu’opérateur social, elle désorganise le monde et la vie puis les réorganise (Lampasona, 2010, p. 3). Elle agit directement sur la vie affective en produisant des émotions et des discours symboliques qui modifient la subjectivité. À cet égard, elle produit des lieux d’épouvante où la vie et la mort se confondent. Ce sont des “paysages de la peur” analysés par des auteurs comme Oslender ou P. Colombo pour le cas de Tucumán (Colombo, 2017), ou bien encore P. Ferrandiz dans le cas espagnol des fosses du franquisme (Ferrandiz). Dans notre cas, nous les appelons « nécrolieux ».

À cet égard, nous nous interrogeons sur les possibles résonances symbolico-sociales que ces nécrolieux ont dans notre présent. Pour cela, nous les abordons à partir de la définition que l’artiste allemand Horst Hoheisel donne de ces « marques mémorielles » (Denkezeichen), ces traces qui nous transportent vers une poétique du murmure et du silence mais qui ont un effet bien réel sur les collectivités. Le cadre conceptuel qui nous sert ici de fondement n’est autre que celui de la « phénoménologie du lieu » esquissée aussi bien par G. Bachelard que par B. Waldenfels, pour qui les lieux de mémoire doivent être compris comme des inscriptions ou des traces qui résonnent dans la mémoire (Waldenfels, 2004, p. 23). D’une certaine manière, c’est la définition qu’en donne Bachelard dans la méthodologie phénoménologique quand il évoque les « topoanalyses », c’est-à-dire les manières dont les souvenirs habitent l’espace et transforment le monde (Bachelard).

Dans l’un de ses textes le plus beaux et le plus concis, intitulé Écorces (2011), l’historien de l’art français Georges Didi-Huberman effectue un parcours singulier parmi les actuelles dépendances de ce qui fut le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Il s’agit, apparemment, d’une promenade touristique que l’auteur réalise dans l’été 2011. L’écriture, en une première sensation trop descriptive, est accompagnée de photographies en apparence anodines : des écorces, des morceaux de bois, un pigeon, des fenêtres, des planchers. Toutefois, les explications détaillées sur les bouleaux qui entourent ce qui fut le camp, sur les petits étangs et les fleurs sylvestres que l’auteur rencontre au cours de sa promenade cachent dans leur fond une sinistre vérité. Didi-Huberman nous oblige à regarder, à fouiller et à exhumer la mémoire avec la patience et la méticulosité de l’archéologue. Les pluies, le temps et l’oubli ont fini par effacer beaucoup des traces des violences vécues et perpétrées dans des lieux comme celui-ci. Pourtant, comme le rappelle Didi-Huberman, affleurent des éclats d’ossement, de petits fragments de corps humains, des cendres qui ont nourri la terre. C’est ainsi que la dénomme l’auteur, « l’écorce de l’histoire », celle qui conserve les marques indélébiles des massacres, de la violence et de la mort et qui, d’une certaine manière, nous empêche de tomber dans la léthargie de l’amnésie, l’indifférence et l’oubli du présent. Dans le sillage de cette archéologie de la pensée dont la tradition remonte aussi bien à S. Freud qu’à W. Benjamin, nous nous risquons à parcourir, observer et photographier certains lieux de violence de la province de Tucumán. Nous les avons ici approchés en tant que lieux chargés d’ignominie et de mort, essayant de rendre compte du sens et des conséquences symbolico-matérielles qu’ils renferment. En définitive, si la mémoire est un engagement, la question du lieu implique celle du politique. ❚

Le puits de Vargas, construit à la fin du XIXe siècle par une entreprise britannique pour alimenter les chemins de fer argentins. Il fut utilisé comme lieu d’inhumation clandestine.
© Juan Pablo Sánchez Noli, 2018
Envahi par les mauvaises herbes, émerge la silhouette spectrale
de l’Arsenal Miguel de Azcuénaga, le plus grand centre de détention, de torture et d’extermination de la province de Tucumán.
© Juan Pablo Sánchez Noli, 2018

1 Ce terme est utilisé en référence au photographe chilien Christian Kirsby pour désigner les lieux de disparition, sans rapport donc avec le sens qu’il a pris dans l’œuvre  de Mikhaïl Bakhtine. Ndlr.

ŒUVRES CITÉES

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Didi-Huberman, Georges, (2011), Écorces, Paris, Minuit.

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Colombo, Pamela, 2013, « Del traslado de detenidos-desaparecidos o el espacio en movimiento: hacia una fenomenología de la percepción distorsionada », Papeles de CEIC, n°94, mars.

Colombo, Pamela, 2017, Espacios de desaparición. Vivir e imaginar los lugares de la violencia estatal (Tucum.n, 1975-1983), Buenos Aires, Miño y Dávila.

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Feierstein, Daniel, 2007, El genocidio como práctica social. Entre el nazismo y la experiencia argentina, Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica.

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http://www.memoria.fahce.unlp.edu.ar/trab_eventos/ev.5112/ev.5112.pdf (19/11/2020).

Lampasona, Julieta, 2013, « Desaparición forzada en Argentina: entre la desaparición y la sobrevida. O sobre la “regla” y la “excepción” en el despliegue de la tecnología de poder genocida », Aletheia, vol. 3, n°6, juillet.

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