Relire/relier des mémoires fragmentées – Prélude à l’exposition d’Emmanuel Bornstein Three Letters. Peinture. Écriture. Résistance au musée départemental de la Résistance & de la Déportation (Toulouse)

Lysis BraganceAcadémie de Toulouse
Marie-Laure LepetitI.G. Lettres-cinéma
Sandrine RaffinLycée Bellevue, Toulouse
Séverine Bourdieuprofesseur de lettres en CPGE au lycée Déodat de Séverac de Toulouse
Paru le : 26.04.2021

Le musée départemental de la Haute-Garonne expose du 13 mars au 20 septembre 2021 Three Letters du peintre plasticien Emmanuel Bornstein, un dialogue entre peinture et écriture. L’artiste y entrelace le destin de trois personnes auxquelles il rend hommage à travers trois correspondances qui lui servent de support et de source d’inspiration : La Lettre au père de Franz Kakfa, les courriers administratifs ayant permis la reconnaissance du passé de résistante de sa grand-mère, Carmen Siedlecki, et les lettres envoyées par son ami Éric, témoins de sa lutte obstinée pour survivre dans et par l’écriture.

« Ma conviction, c’est que notre génération, qui n’a pas vécu ces traumatismes-là, peut et doit s’emparer de cette histoire pour qu’elle survive aussi autrement que par une trace d’archives et une trace d’histoire, et que finalement la mémoire continue à vivre autrement. L’un ne remplaçant pas l’autre, mais les deux pouvant exister. », conclut l’artiste dans une interview filmée qu’il accorde au MDR&D.

L’exposition virtuelle est consultable en ligne sur le site du MDR&D à l’adresse suivante : http://musee-resistance.haute-garonne.fr/fr/actualites/exposition-temporaire.html

Cette soirée d’études, co-organisée par l’association Mémoires à l’œuvre, prélude à l’exposition Three Letters, s’est tenue en visioconférence le 25 février 2021. À travers trois conférences, qui constituent des mises en écho de destins emblématiques, des effets de miroirs entre des vies qui ont souffert des violences, le public a pu (re)découvrir trois œuvres : Dora Bruder de Patrick Modiano, Auschwitz est mon manteau de Ceija Stojka et Le ghetto intérieur de Santiago H. Amigorena.

Dans « Entrelacs d’archives, de parcours et de possibles », Séverine Bourdieu montre comment Patrick Modiano relit/relie la trajectoire évanescente de Dora pendant la période de l’Occupation comme une résurgence de celle de son père. Accéder au PDF

Dans « Éclats de mémoire, éclats de vie », Lysis Bragance nous offre un parcours de lecture et de vie à partir d’Auschwitz est mon manteau, recueil de poèmes de l’artiste rom, Ceija Stojka, déportée à l’âge de dix ans, sur qui a pesé un double silence, celui imposé par sa communauté et celui lié à la nécessité d’oublier, autant de dénis de l’expérience concentrationnaire qui, cinquante-cinq ans plus tard, s’ouvrent sur une libération. Accéder au PDF

« Des lettres à l’œuvre » est une traversée que propose Sandrine Raffin du dernier roman de Santiago H. Amigorena, un récit à caractère autobiographique, fondé sur des lettres recomposées : le voile se lève sur le silence obstiné d’un fils, le grand-père de l’auteur, muré dans sa culpabilité face au drame que vit sa mère emmurée dans le ghetto de Varsovie. Accéder au PDF